Découverte de lieux de conflits

Visite du camp de concentration de Thil (F) et de la Mine de Tiercelet (F) lieu de fabrication des V1 (1944)

Le samedi 26 janvier 2019, le comité de notre asbl a visité à Thil, en France, à huit kilomètres d’Esch-sur-Alzette, avec douze élèves, membres de l’association, le site où se trouvait en 1943-44 un camp de concentration allemand.

Sur le chemin du Souvenir qui monte du parking à la Crypte, on peut voir des sculptures qui représentent l’homme martyrisé par la barbarie du camp. Dans la Crypte, le maire-adjoint, M. Gino Bertacco, nous expliqua les raisons pourquoi les Allemands avaient érigé en 1943 ce camp et pourquoi il a été abandonné en septembre 1944.
Ensuite, nous avons visité la Mine de Tiercelet (ouverte de 1885 à 1945) où le responsable, M. Daniel Pascolini, nous expliquait comment les détenus du camp venaient y travailler chaque jour ensemble avec des femmes prisonnières soviétiques. Tous les travaux étaient destinés à construire les pièces de la bombe V1.

Cliquez ici pour lire le compte-rendu détaillé de notre visite à Thil (F)

Sculptures et Crypte du Souvenir

À partir du parking à l’entrée du site, en écoutant les explications du maire-adjoint, nous sommes montés par le chemin du Souvenir jusqu’à la Crypte, qui recueille tout ce qui a été retrouvé prouvant l’existence du camp de concentration. Sur ce chemin des artistes ont placé, à partir des années soixante-dix du 20e siècle, des sculptures représentant la barbarie qui s’y est déroulée.
Devant la Crypte M. Bertacco et M. Morello nous ont expliqué comment ce camp fut construit, dès le début de l’année 1943, de façon à ce qu’il ne soit pas visible par les habitants vivant dans les alentours. Et comment les Allemands l’ont quitté rapidement lorsque les Américains approchaient sur Longwy en septembre 1944. Pendant l’occupation allemande, les habitants de Thil qui étaient de nationalité française s’étaient réfugiés en Gironde, alors que les habitants d’origine italienne étaient restés sur place. Beaucoup d’Italiens ont travaillé dans la Mine avec les prisonniers. Mais les habitations des Français ont été dérobées pendant leur absence. Quand ces gens revinrent de Gironde après la libération de Thil, ils montèrent au camp où ils arrachèrent et s’emparèrent de tout ce qui était en bois. Tout le bois a donc servi à la population civile pour se chauffer après la guerre. C’est la raison principale pour l’absence de toutes traces de l’existence de ce camp. Seuls deux poteaux de l’ancien portail qui ont été retrouvés se trouvent aujourd’hui à l’entrée de la petite esplanade devant la Crypte. C’est aussi ici que se trouve une sculpture impressionnante représentant un détenu, pris dans des barbelés, et tombant ou essayant de se relever. Elle est l’œuvre d’élèves du Lycée Jean Macé de Villerupt qui l’ont offert au site en 1978.

Les détenus qui mouraient dans le camp ou dans la mine étaient brûlés à l’air libre avec du pétrole devant l’entrée de la Mine sur des traverses de rail en bois. La ventilation du courant d’air venant de la Mine entretenait le feu. Mais comme l’odeur se sentait loin dans la ronde, le responsable nazi, le commandant Eugen Walter Büttner, demanda de les faire brûler sur des fagots de bois dans la colline au-dessus du camp. Une croix blanche derrière la Crypte indique le lieu où cela se passait. Mais comme l’odeur se sentait toujours dans les environs, le commandant y fit apporter un four qui servait à l’abattoir de la ville de Villerupt pour y brûler les restes des animaux. Il fut installé non loin du lieu où les corps avaient été brûlés auparavant. Mais comme la fin de la guerre approchait pour cette région, par l’avancée des Américains à l’ouest, seulement deux ou trois détenus y auraient été brûlés selon le maire-adjoint.

A l’intérieur de la Crypte, M. Bertacco nous montra sur une maquette comment le camp était disposé. Celui-ci a été reconstruit à partir de photos aériennes qui avaient été prises par les Alliés. D’un côté du camp vivaient les Allemands et de l’autre, alignés en files par deux, les huit baraquements contenant chacun une centaine de détenus. Leur nombre était contrôlé régulièrement chaque jour par la pierre que chaque prisonnier devait prendre le matin sur son chemin jusqu’à la mine de Tiercelet pour la déposer le soir, au retour, devant sa baraque. Dans la crypte un dessin fait par un détenu montre les détenus descendant vers la Mine avec leurs habits gris rayés de blanc et tenant une pierre. L’habit original d’un détenu que l’on peut voir à l’intérieur de la Crypte a été offert après la guerre par un Luxembourgeois qui avait été détenu au camp.

Fabriquer les bombes V1

Ces prisonniers du camp étaient surtout des ouvriers qualifiés : électriciens, machinistes, ajusteurs, tourneurs, fraiseurs etc. Ils étaient prévus pour l’aménagement de la mine pour y fabriquer les pièces pour les bombes allemandes V1. Quand un détenu mourait, le commandant SS du camp Büttner le fit remplacer par un détenu qui venait du camp de Natzweiler-Struthof en Alsace.

Pour visiter la mine où les prisonniers du camp de Thil et les prisonnières soviétiques du camp d’Errouville allaient travailler chaque jour, nous nous rendîmes en voiture dans la localité de Thil où se trouve l’entrée de la mine de Tiercelet. Ici c’était M. Daniel Pascolini, responsable pour la visite avec les bénévoles Alain Fioritti, Dominique Thénière et Brice Morello qui nous firent visiter la partie de la Mine ouverte au public.
A l’entrée deux plaques, une écrite en français l’autre en russe, remémorent les travaux forcés des femmes soviétiques prisonnières, mortes et ensevelies à l’intérieur de la mine.
C’étaient les détenus du camp de concentration de Thil qui descendaient chaque jour pour exécuter à l’intérieur les travaux forcés.
Munis de casques, les guides nous ont conduit à l’intérieur de la mine pour nous expliquer comment les travaux s’y faisaient. A plusieurs endroits, on peut voir des objets retrouvés au fond de la mine et qui témoignent de la présence des prisonniers, des prisonnières et des gardes SS (abréviation pour « Schutzstaffel » – escadron de protection) de la division TODT (un groupe de génie civil et militaire du Troisième Reich).
Au pied d’un grand éboulement, sur lequel se trouve une croix orthodoxe, M. Pascolini nous expliqua qu’à cet endroit vingt-sept femmes soviétiques ont été ensevelies (et le sont toujours) en un seul jour alors qu’elles construisaient la paroi en béton. Une bétonnière de la firme allemande Regulus a été trouvée au fond de la mine et tirée dans la partie haute.
Bien que des pièces de V1 aient été construites au fond de la mine, aucune de ces bombes n’est sortie achevée des ateliers souterrains. Malheureusement, il n’est pas permis au public de descendre jusqu’au point où ces V1 étaient construits, parce que le chemin n’est (pas encore) ni sécurisé ni balisé.

 

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